Quels secrets d’écriture se cachent derrière un roman terminé ? Comment une histoire s’est-elle construite ? Aujourd’hui, je partage avec vous 4 anecdotes sur Julia et Mrs Carpenter, mon troisième roman. Où vous découvrirez que les romans ne s’écrivent pas toujours de façon linéaire…
Un roman dont j’ai d’abord écrit la fin
La première des anecdotes sur Julia et Mrs Carpenter concerne l’ordre d’écriture de ce roman. J’ai écrit Julia et Mrs Carpenter dans le désordre. Pour cette écriture, je me suis totalement laissée guider par l’inspiration, écrivant les passages selon les endroits de l’histoire où se dirigeait mon esprit. Et ces morceaux de texte ne se présentaient pas dans l’ordre où ils devaient se trouver dans le roman.
Cette construction en morceaux – que je nommais à l’époque “l’écriture puzzle”, puisque ces différentes pièces écrites de façon éparses prenaient peu à peu leur place dans cet ensemble qu’allait être ce nouveau roman – n’était que la suite évidente de la façon dont j’ai commencé l’écriture de Julia et Mrs Carpenter.
J’ai d’abord écrit la fin de cette histoire avant d’écrire tout le reste. Enfin, à proprement parler, il ne s’agit pas de la vraie fin de l’histoire – ça, je vous en parle juste après 😉 – mais d’un passage vers lequel tend toute l’histoire et qui détermine ensuite la façon dont les personnages vivront la fin de l’histoire.
J’ai déjà partagé avec vous les circonstances qui m’ont inspirées l’histoire de Julia et Mrs Carpenter. Bien entendu, je ne vous ai pas tout raconté dans ce billet tout ce que j’imaginais pour cette nouvelle histoire. Il y avait notamment un élément qui représente un passage important, tant en terme de nombre de pages que d’impact sur le récit. Cet élément devait être particulièrement réussi. Il me fallait soigner son entrée dans le récit et surtout sa narration. Et le contenu de ce passage important devrait influencer sur tout le reste du récit, le début comme la toute fin.
C’est donc par lui que j’ai commencé l’écriture de Julia et Mrs Carpenter. Ce passage important se situe au début du dernier tiers du roman. Une fois qu’il a été écrit, j’ai pu enfin commencer l’écriture du début de l’histoire car je tenais ma direction générale, celle qui devait conduire les personnages principaux vers ce passage.

La toute fin s’est écrite… à la toute fin
Voici un paradoxe : j’avais d’abord commencé l’écriture par la fin de l’histoire, je ne savais pourtant pas comment terminer celle-ci ! Enfin, si. Je savais où je voulais emmener mes personnages, je savais ce qu’ils devenaient à la fin du roman. Mais je ne savais pas trop comment présenter cette fin. Quelle mise en scène ? Quels choix de mots ? Et surtout, quelle serait la dernière phrase de ce roman ?
J’ai cherché longtemps la façon d’écrire cette fin. J’avais entrepris mes différentes phases de correction fin 2020, et au début du printemps 2021, je n’avais toujours pas trouvé la voie qui me convenait. Et c’est au cours du printemps 2021, alors que je terminais les dernières corrections apportées au reste du roman, que j’ai enfin trouvé la formulation qui me convenait.
Ensuite, tout s’est passé très vite. En deux jours, j’avais écrit cette fin, qui fonctionnait tellement bien avec le reste de l’histoire et qui m’avait fait tellement de bien à écrire que je me suis étonnée de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Des prénoms de personnages influencés par l’écriture de 6H66
J’ai entrepris l’écriture de Julia et Mrs Carpenter pendant celle de 6H66, mon deuxième roman.
Dans 6H66, le héros s’appelle Thomas. Et parmi la galerie de personnages secondaires constituée en partie de ses amis figure une Julie.
Quand il a fallu trouver le nom de la jeune héroïne qui construirait une belle histoire d’amitié avec la vieille Anglaise de ce nouveau roman, mon esprit est resté attaché à ce Julie. Que j’ai transformé en Julia. Comme ce personnage a passé dix années de sa vie à parcourir le globe, je cherchais un prénom qui soit commun à de nombreuses langues et cultures. Il en existe beaucoup, mais ce Julia, inspiré de mon écriture de 6H66, s’est vite imposé. Et dans mon esprit, je ne pouvais plus imaginer appeler autrement mon personnage !
Dans Julia et Mrs Carpenter, la “famille” qui compose l’équipe qui travaille à la ferme du Rossignol, le lieu où se déroule principalement l’histoire, figure un jeune homme réservé, qui a eu du mal à trouver sa place. Là aussi, il me rappelait ce que vit le héros de 6H66. Je l’ai donc naturellement appelé Thomas.
C’est le hasard de mon calendrier d’écriture qui a mené à ces choix. Si j’avais entrepris l’écriture de Julia et Mrs Carpenter bien après celle de 6H66, je ne sais pas si mes personnages auraient été nommés comme ça. Et peut-être que le roman en aurait été moins réussi…
Un décor qui m’a conduit à revivre les cérémonies du Centenaire de la Première Guerre Mondiale
La dernière des anecdotes sur Julia et Mrs Carpenter concerne un évènement que j’ai vécu avec retard.
J’ai toujours voulu placer l’histoire de Julia et Mrs Carpenter à la campagne. Mon choix s’est finalement porté vers le Pays du Coquelicot, ce coin du département de la Somme qui entoure la ville d’Albert, où j’habite.
Le Pays du Coquelicot est un endroit chargé d’histoire, marqué par les deux Batailles de la Somme des Deux Premières Guerres Mondiales. Le tourisme de mémoire y est très présent, de par le nombre de nécropoles et cimetières militaires qui jalonnent ce territoire. Cet élément du décor a joué un rôle important dans la construction de l’histoire, et surtout dans le lien que Mrs Carpenter entretient avec la mémoire de ses ancêtres.
Ceci m’a permis d’insérer dans l’histoire les cérémonies de commémoration du Centenaire de la Bataille de la Somme, qui se déroulèrent en juillet 2016. A cette époque, je ne vivais pas encore à Albert mais à Amiens. J’ai assisté à d’autres festivités liées à ces commémorations. Mais je n’avais suivi que de loin les reportages télévisés consacrés à la cérémonie nationale qui eut lieu au mémorial de Thiepval le 1er juillet. Or, j’ai placé cette cérémonie dans le roman, et je fais même de Mrs Carpenter l’une des spectatrices de cette cérémonie où était notamment présente la famille royale britannique.

Même si je ne comptais pas faire une longue description de cet évènement dans le roman, je voulais m’imprégner de l’atmosphère de cette journée pour l’écriture de ce passage. J’ai donc cherché l’archive de cette retransmission. Et c’est donc avec quatre ans de retard que j’ai assisté à la cérémonie du 1er juillet 2016 au Thiepval. D’ailleurs, si vous aussi souhaitez la revivre, vous pouvez en retrouver la vidéo sur Youtube 😉
J’espère que ces anecdotes sur Julia et Mrs Carpenter vous ont plu. Vous donnent-elles envie de découvrir ce roman ? Découvrez-ici les avis de ceux qui l’ont déjà lu.