Atelier d’écriture : La forêt d’or et de bronze

Peut-être connaissez-vous le blog Les lectures de Lily ? Il s’agit d’un blog de critique littéraire (que je vous invite à suivre d’ailleurs 😉 ). Les lectures de Lily a également une page Facebook, sur laquelle Lily a partagé pendant l’été un post qui m’a inspiré.

Ce post diffusait un petit jeu. Une photo présentait 2 listes de mots, l’une associée aux signes astrologiques, l’autre associée au jour de naissance. Le principe du jeu ? Associer le mot lié à son signe astrologique et le mot lié à son jour de naissance pour deviner le titre de son livre.

En ce qui me concerne, le résultat fut : La forêt d’or et de bronze. Je trouvais que c’était effectivement un très joli titre de livre.

D’où l’idée de cet exercice d’écriture : à partir d’un titre “imposé” (en tout cas, déjà trouvé), imaginer et construire l’histoire qui irait avec ce titre.

Quelques mois plus tard, voici l’histoire que j’ai imaginée pour aller avec ce joli titre. Ce texte a été écrit à la fin de l’été, au moment où je terminais les corrections et relectures du Mystère des Ghénas. L’idée et l’atmosphère générale du roman ont légèrement influencé l’idée générale de ce texte. Finalement, ces deux histoires doivent bien refléter l’état d’esprit qui était le mien à cette période.

Je vous laisse découvrir ce texte, en espérant que cette histoire vous plaira 🙂

La forêt d’or et de bronze

Dans une lointaine contrée se trouvait une grande forêt sombre. Sombre et terne était son feuillage, sombres et ternes étaient ses habitants. S’ils connaissaient le jour et la nuit, la seule lumière qui éclairait leur vie provenait de la lune et des étoiles. Ils n’avaient jamais vu le soleil, ils n’en soupçonnaient même pas l’existence. Un ciel bas, nuageux et sombre couvrait en permanence leur forêt.

Jamais on n’avait connu de peuple plus triste et plus enfermé. Ni de peuple aussi méchant. Peu de mots étaient échangés et quand le silence s’effaçait enfin pour laisser place aux murmures et chuchotements, on ne percevait que reproches et médisances.

Un jour où elle était particulièrement triste, Annabelle, une jeune fille du village, s’enfonça profondément dans la forêt. Elle aurait voulu s’y perdre. Elle déambulait à travers les arbres immenses, sans savoir où elle allait et sans chercher à se rappeler son chemin.

Au détour d’un chemin, elle parvint jusqu’à une petite source. La jeune fille ne connaissait pas cet endroit. Elle s’assit sur une grosse pierre qui bordait l’enclos de la source. Elle promenait son triste regard de pluie sur les rochers alentours et sur le fond de la source quand son attention fut attirée par une chose étrange au fond de l’eau. Au milieu de ce paysage gris et terne, une petite tâche jaunâtre se faisait remarquer.

Intriguée par cette couleur, Annabelle entra dans l’eau et plongea la main pour attraper l’objet.

Une pierre. Une toute petite pierre jaune et très lumineuse. Dans la main d’Annabelle, elle irradiait. La lumineuse beauté qui s’en dégageait emplit Annabelle d’une chaleur qu’elle avait rarement ressenti. Comme si elle se trouvait bien au chaud près d’une grande cheminée. Annabelle, subjuguée par la lumière qui s’échappait de cette pierre, décida de la garder.

Bientôt, elle se remit en route pour rentrer au village. Elle n’avait plus envie de se perdre dans la forêt, mais voulait simplement retrouver les siens.

Arrivée chez elle, Annabelle montra sa jolie pierre à ses parents. Ils ne furent pas sensibles à cette simple pierre. Pourquoi avoir ramassé ce caillou, lui demandèrent-ils. Annabelle ne comprit pas leur réaction. Comment ne pas se laisser happer par la beauté simple de cette lumière. Annabelle avait l’impression de tenir une petite étoile dans la main. Elle s’en sentait incroyablement bien. Elle décida de toujours la garder sur elle ou à proximité.

Le lendemain, à peine levée, Annabelle surprit son reflet dans le miroir. Elle se trouva différente. Le visage qu’elle observait était moins fade que d’habitude. Un léger sourire l’éclairait. Annabelle aimait regarder ce beau visage. Elle avait encore du mal à admettre qu’il s’agissait bien d’elle.

Dehors, tous les villageois affichaient la même morosité et le même regard triste et sombre que d’habitude. Annabelle alla montrer sa jolie pierre à ses amies. Celles-ci se montrèrent très odieuses envers Annabelle : il n’y avait qu’elle pour s’intéresser à un bête caillou.

Annabelle fut déçue. Personne ne comprenait son intérêt pour cette pierre. Mais cela ne l’empêcha pas de continuer à la porter sur elle, car la jeune fille appréciait énormément la chaleur qu’elle lui procurait.

Plus cette chaleur la gagnait, plus les jours passaient, et plus Annabelle devenait lumineuse. Son reflet dans le miroir ne cessait de devenir beau, limpide, nimbé d’un voile lumineux qui éclairait la pièce. Dès qu’elle touchait quelque chose, l’objet devenait lui aussi moins terne, moins noir. Quand elle marchait, ses pas laissaient pendant quelques instants une traînée lumineuse et dorée derrière elle. Peu à peu, ces traînées dorées persistèrent et bientôt, la lumière cassa le noir et le terne de ce village.

Plus Annabelle se transformait et plus le village devenait sombre, si cela était encore possible. En réaction à la sinistre ambiance, la pierre lumineuse irradiait de plus en plus. Annabelle la portait désormais de manière constante, et la pierre et la jeune fille commencèrent à ne fait plus qu’un.

Les villageois s’en méfiaient et regardaient Annabelle de plus en plus méchamment. Face à cette méchanceté, la pierre agit comme protectrice d’Annabelle. Un jour où les villageois étaient particulièrement sombres et méchants entre eux, la pierre se mit à produire un halo de lumière tout autour de la jeune fille, formant un bouclier qui la transporta à quelques centimètres du sol ! Annabelle n’avait pas peur. Comment aurait-elle pu craindre les bienfaits que la pierre lui apportait ? Mais les habitants du village poussèrent des cris d’effroi. Plus ils criaient, plus ils s’énervaient et plus Annabelle grimpait dans le ciel, portée par cette bulle de lumière. La jeune fille se retrouva bientôt au dessus de la cime des arbres entourant le village. On ne distinguait quasiment plus sa silhouette, au milieu des rais de lumière que la pierre diffusait tout autour d’elle. En bas, les villageois, terrassés par cette lumière qui les aveuglait, se recroquevillaient sur eux-même. Ils voulaient se protéger de cette force, mais ne pouvaient se cacher de la lueur nouvelle qui commençait à éclairer leur village. Leur peur se manifestait maintenant non plus par des cris, mais par une complainte forte et permanente. A ce son plaintif, la lumière projetée par Annabelle et la pierre répondait par un doux sifflement clair et limpide. Plus le sifflement filait vers les aigus, plus la jeune fille irradiait et plus les villageois se confondaient avec le sol. Jusqu’au moment où le sifflement atteint la note la plus aiguë qu’il soit. Jusqu’au moment où les villageois disparurent totalement. Jusqu’au moment où un jet de lumière émana de la pierre. La jeune fille explosa dans une multitude de particules lumineuses qui se diffusèrent à travers toute la forêt, chassant les nuages et le sombre, la morosité et la méchanceté.

A partir de ce jour, la forêt retrouva la lumière du soleil. La vie reprit son cours, bien que plus aucun villageois n’y vécut. Seuls la nature et les animaux profitaient des nouvelles couleurs de la forêt et de la joie qui en ressortait. Tout s’y écoulait paisiblement, sans aucune trace du passé sombre qui avait longtemps vécu dans cette forêt.

Mais on raconte que par les beaux soirs d’été, le soleil fait jouer ses reflets sur les feuilles des arbres et qu’en mémoire d’Annabelle et de sa pierre, la canopée se pare d’or et de bronze.

2 réflexions sur “Atelier d’écriture : La forêt d’or et de bronze”

  1. Belle histoire, triste mais qui me parle tellement! Je crois que Montaigne disait que l’enfer ce n’est pas d’être seul, c’est de ne jamais pouvoir l’être… Tout dépend de qui sont les autres, évidemment!
    Il faut des textes comme celui-ci, pour que l’écriture cathartique nous permettent la lecture cathartique.

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