Vous connaissez le blog Bricabook ? Son auteur, Leiloona, y anime un atelier d’écriture chaque semaine. Le titre de cet atelier ? “Une photo, quelques mots”. A partir d’une photo, elle invite à écrire.
Son atelier d’écriture n° 249 propose une photo du photographe Vincent Héquet.
© Vincent Héquet
Voici le texte que cette photo m’a inspiré.
Son ombre
Elle riait, tout le temps.
Elle dansait, souvent.
On disait d’elle qu’elle ne tenait pas en place. Je disais d’elle qu’elle était sautillante et pétillante.
Elle était toujours en train de proposer d’aller ici, de partir là-bas. “Où irons-nous ensuite ?” était sa question préférée.
Elle était comme ça dans la vie, elle était comme ça chez nous. A peine l’avais-je vu dans ce coin-ci de la maison que sa voix résonnait déjà ailleurs. J’étais toujours désarçonné par sa capacité à rebondir, à aller et venir, sans jamais s’essoufler, sans jamais être à court d’idées. Même quand elle dormait, je percevais son besoin de bouger.
On eut dit qu’elle volait, à traverser les pièces aussi vite. Ce que je connaissais le plus d’elle, c’était les empreintes qu’elle laissait là où elle était passée. Un effluve, un doigté, le léger déplacement d’un objet, un mot doux sous l’oreiller. Et son ombre, que je devinais furtivement, entre deux déplacements.
Je n’avais pas besoin de me demander où aller, il me suffisait de la suivre. Et quand j’étais fatigué, épuisé par le tournis qu’elle causait, je m’asseyais dans le canapé et la regardais en riant.
Je suis toujours assis, dans ce canapé, seul dans cette pièce . Autour, le silence. Plus de rires, plus d’effluve, plus de “Et si ?”.
Reste le souvenir de son ombre. J’arrive encore parfois à l’imaginer passer. Mais ce souvenir s’estompe, il traîne et s’efface. A-t-elle existé ? Son rire, ses envies, ses envolées étaient-ils vrais ?
Je reste assis, seul, en attendant qu’elle revienne. Elle ou son ombre.
J’aime beaucoup l’énergie de cette femme, le regard que cet homme posait sur elle, son manque d’elle aussi , perceptible au delà des souvenirs.
Merci beaucoup pour ce commentaire, sabariscon 🙂 Ravie que ce texte vous ait plu 🙂
Joli texte, on sent l’effervescence de cette femme. Comment aurait-il pu seulement l’imaginer, elle a bien dû exister ! 🙂
Merci pour ce commentaire, Leiloona 🙂
Oui, elle a dû exister. Mais il arrive parfois qu’une personne soit si belle, laisse une empreinte si intense, qu’on peut se demander si on n’a pas rêvé cette beauté, cette effervescence 🙂
whaou! tout simplement whaou…
Merci bcp Math, pour ton joli commentaire 🙂
Bravo, le texte est aussi beau que la photo.
Merci bcp pour ton commentaire, Jessica 🙂
Je ne sais pas si cette photo en fera partie, mais il y a une exposition de photos de Vincent Héquet (voir ici : https://www.facebook.com/events/580214215523016/ ) qui démarre ces jours-ci sur Amiens. Je pense aller faire un tour au vernissage, découvrir d’autres beaux clichés 🙂