Montre de poche dans le sable

Le jeu des 7 différences entre Le Mystère des Ghénas et 6H66

Mon premier roman, Le Mystère des Ghénas, et 6H66, le second, ont peu de choses en commun. Je me suis prêtée au jeu des 7 différences entre ces deux histoires, une façon de brosser, avant sa sortie, un tableau général de l’atmosphère de 6H66.

Le mystère des Ghénas - Couverture

Conte fantastique vs science-fiction

J’avais décidé que Le Mystère des Ghénas relèverait du conte fantastique car je trouvais que ce genre collait très bien avec les thèmes universels que je voulais développer dans l’histoire : la tolérance, les difficultés de communication, l’ouverture à l’Autre.

6H66 aborde l’existence d’une éventualité, les effets que certaines situations pourraient engendrer. Le genre de la science-fiction s’est donc tout de suite imposé.

Le rapport au temps

arbre pendant la saison d'hiver
Image par Henning Sørby de Pixabay

Montre de poche dans le sable
Image par annca de Pixabay

Le Mystère des Ghénas se déroule “hors du temps”, c’est du moins l’expression utilisée par de nombreux lecteurs dans leurs commentaires. J’aime beaucoup cette expression ; le déroulement temporel de l’histoire du Mystère des Ghénas suit le rythme des saisons, sans aucune mention de date, hormis celles liées au cycle terrestre (les solstices ou les équinoxes). Pourquoi un tel choix ? Parce que ce rapport au temps presque inexistant est en rapport avec les thèmes universels abordés dans l’histoire (voir l’élément de différence suivant 😉 ).

6H66, déjà de par la nature de son titre, impose déjà un rapport au temps très fort. Le roman est rythmé par les heures et les dates, le système horaire et temporel est l’élément le plus important de l’histoire. Nous savons également en quelle année se déroule l’histoire : 2016. Il me fallait ancrer l’histoire dans une temporalité bien définie, car là aussi, le rapport au temps est en lien avec la spécificité de la situation.

Universalité du propos vs situation en lien avec notre réalité française

Je le disais dans le paragraphe précédent, Le Mystère des Ghénas traite de thèmes universels : ouverture à l’Autre, difficultés de communication, tolérance (et donc, intolérance). Des questions de relation qui parlent à tous, quel que soit l’âge, la culture ou le cadre où l’on se trouve.

Même si la situation décrite dans 6H66 pourrait s’appliquer dans de nombreux pays, l’histoire aborde des éléments et des événements bien français. Pourquoi ? Pour amener à se questionner sur les conséquences des choix individuels sur le contexte général que nous connaissons. Chacun pourra interpréter ce contexte comme il le souhaite, et des lecteurs non français pourront se retrouver dans cette histoire, mais je souhaitais ancrer l’histoire chez nous, pour lui donner plus de corps.

Décor fictif et non localisé vs lieu connu et reconnu

Des 2 dernières différences découle naturellement celle qui suit. A partir du moment où Le Mystère des Ghénas s’attache à traiter d’un thème universel, peu importait le décor dans lequel se déroule l’histoire. On ne sait pas où se situe l’histoire du Mystère des Ghénas, elle pourrait exister n’importe où.

6H66 avait forcément besoin d’un lieu connu et reconnu, puisqu’il s’attache à des éléments de notre réalité française ; le lecteur avait donc besoin d’un cadre qu’il puisse bien connaître ou dont il aurait au moins entendu parler ou vu quelques photos.

Nature vs milieu urbain

Forêt sous les rayons du soleil
Image par Valiphotos de Pixabay
Immeubles de bureaux en ville
Image par ktphotography de Pixabay

Non seulement l’histoire du Mystère des Ghénas se déroule au rythme lent de l’enchaînement des saisons, mais le rapport à la nature est très important pour l’héroïne, Azur. Il fallait donc un cadre naturel lui-même hors du temps. Toute l’histoire se déroule au sein de la forêt qui abrite le village des Ghénas. Elle n’a pas de nom, là aussi il y a avait la volonté de placer l’histoire en dehors de tout cadre de référence dans nos existences.

Je le disais plus haut, il fallait à 6H66 un cadre reconnu ou au moins connu de nom par le lecteur. Je souhaitais également situer le roman dans un cadre urbain, un cadre dont le rythme frénétique soit au diapason avec la nécessité d’agir des personnages. Ce cadre urbain subissant dans l’histoire certaines transformations, il me fallait faire référence à une ville que non seulement les lecteurs pouvaient connaître ou arpenter, mais dont je maîtrisais moi-même la géographie. Toutes ces réflexions m’ont conduit à Lille, le lieu de mes études et ma ville de cœur, même si cela fait de nombreuses années que je n’y habite plus.

Héroïne adolescente vs héros trentenaire

Aux tous premières lignes du pitch du Mystère des Ghénas, le personnage principal aurait dû être un petit garçon de 6 ou 8 ans. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque j’écrivais des histoires plus ou moins courtes pour les enfants, et que je la destinais alors à mes neveux pour la période où ils auraient eux-même 6 ou 8 ans. Les grandes lignes de l’intrigue étaient tracées, mais au fur et mesure que les détails et bouleversements de l’histoire commençaient à se dessiner, ce conte court pour les enfants a pris une dimension et une intensité plus importantes et les questions et attitudes du personnage principal commençaient à devenir celles d’un adolescent. Voilà que le conte pour enfant se transformait en roman pour adolescent. Il m’est aussi apparu que j’arriverai mieux à traduire la malice et l’envie de découverte du personnage de ce héros adolescent s’il s’agissait d’une fille.

Pour 6H66, le raisonnement fut tout autre. Comme il s’agit d’une science-fiction adulte, le personnage principal devait forcément être un adulte, ni trop jeune ni trop avancé en âge ; je l’ai donc choisi trentenaire. Et s’il s’agit d’un homme, ce n’est pas pour une question d’équilibre après avoir travaillé un personnage féminin, mais pour le choix du prénom. Comme le héros a du mal à imaginer que certaines menaces sociétales puissent devenir réalité, je voulais faire référence à “Saint Thomas, qui ne croit que ce qu’il voit”. Le prénom était trouvé, et mon personnage principal est donc devenu un homme.

Confiance vs doute

Cette différence là repose à la fois sur le comportement des personnages principaux, mais également sur ma façon d’envisager ma vie d’autrice pendant toute l’écriture du roman.

Le Mystère des Ghénas était mon premier roman, après avoir écrit plusieurs histoires courtes pour enfants. Je me suis lancée dans cette histoire presque sans me poser de question ; en tout cas, les questions que je me posais relevaient uniquement des techniques d’écriture, de la validité de telle ou telle idée, etc. Mais, tout comme Azur est persuadée, après avoir découvert quel mystère entoure son peuple, qu’elle pourra le résoudre, à aucun moment de l’écriture du Mystère des Ghénas je n’ai douté de ma capacité à être autrice d’un roman.

L’écriture de 6H66 a, elle, été jalonné de nombreuses phases de doutes, et de pause dans l’avancée de l’histoire. Tout comme le héros, Thomas, doute de la possibilité de la situation qu’il découvre pourtant dans 6H66, et tout comme il doute de sa capacité à agir, je doutais de mon côté de ma capacité à terminer cette histoire. Si ce roman a mis presque 4 ans à être terminé et à pouvoir paraître, c’est parce qu’à de nombreuses reprises, je l’ai mis en pause. Pas uniquement parce que mon inspiration m’emmenait vers d’autres histoires ou en raison de mon gros changement de vie professionnelle amorcé fin 2018 (je vous racontais ma création d’entreprise en août 2019), mais parce que je me suis demandée plusieurs fois si je devais persister dans ma vie d’autrice, s’il y avait assez de place dans ma vie tout court pour pouvoir mener pleinement cette facette là. Et comme le héros de 6H66, j’ai su trouver le rebond nécessaire pour agir et relever ce défi commencé en 2016.

4 ans et 405 pages plus tard, la parution prochaine de 6H66 vient mettre fin à tous mes doutes 🙂

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