Un auteur met toujours un peu de lui dans ses personnages. Se glisser dans la peau de ses personnages peut prendre différentes formes quand l’auteur écrit. Ce qu’il aime ou déteste. Ce en quoi il croit. Ce qu’il aimerait qu’il arrive aux personnes de son entourage… Il y a différentes choses auxquelles je crois dans mes différents personnages. Chacun d’entre eux reprend une petite chose qui me caractérise. Mais ils ont tous en commun une chose : mes préoccupations environnementales.
Mes préoccupations environnementales : ce en quoi je crois
Je ne pourrais pas vous dire à quand remonte exactement cette découverte. Certainement à l’adolescence.
Prendre soin de notre environnement. Eviter de polluer lorsque on le peut. Limiter ses déplacements motorisés lorsque c’est possible. Limiter ses déchets. Se projeter vers l’avenir et essayer de l’envisager plus vert… Toutes ces pensées me guident depuis longtemps.

Peut-être trouverez-vous qu’aujourd’hui, annoncer avoir des préoccupations environnementales est d’une grande banalité. Personnellement, je ne trouve pas. D’abord parce qu’affirmer ce en quoi on croit est une marque d’existence personnelle.
Ensuite, parce que cet enjeu pour notre existence collective reste encore difficile à admettre et mettre en œuvre pour beaucoup de personnes. Rappeler que nous pouvons tous, à notre petite échelle, agir reste important pour moi.
Oh, je ne suis pas naïve pour autant. Je me définirais plutôt comme une optimiste réaliste. Même si ce que nous faisons quotidiennement ne suffit pas, doit-on pour autant ne pas le faire ? Un petit geste seul ne suffit pas.
« Seul, on ne peut rien. »
Voilà ce que vous aurait dit Thomas, le héros de 6H66. Il fait cette déclaration pour un tout autre sujet de société.
Mais si nous sommes une multitude à faire nos gestes, nous ne sommes plus seuls. Et on peut agir.
Des préoccupations environnementales qui guident une grosse partie de mon quotidien
Depuis quatre ans, ces préoccupations environnementales sont même au cœur de mon activité professionnelle.
En devenant cheffe d’entreprise, je suis entrée dans le domaine de la bio. J’ai repris un magasin bio spécialisé dans la ville où je vis.
Ainsi, chaque jour, mon travail me permet d’agir. Il me permet de mettre en pratique les principes que je mets en œuvre dans ma vie de tous les jours.
Il devenait donc normal que mes préoccupations environnementales deviennent également celles de mes personnages.
Les préoccupations environnementales de mes personnages
Cet enjeu se manifeste différemment selon mes personnages.
Le Mystère des Ghénas, une histoire où la nature prend (presque) toute la place
Dans le Mystère des Ghénas, toute l’histoire comporte un fort rapport à la nature. La nature n’est pas seulement le lieu où vivent les Ghénas. Elle ne fait pas seulement partie du décor, elle fait presque partie de l’histoire. Pas en tant que personnage. Cela aurait pu se produire si j’avais inséré dans ce roman des esprits de la nature avec lesquelles les Ghénas communiqueraient.
La nature est un élément central de l’histoire car elle assure à la fois la vie des Ghénas et conditionne l’organisation de cette micro-société.
Les Ghénas était un peuple vivant de la forêt. Ils chassaient et cueillaient dans les bois, pêchaient dans les rivières, et transformaient certaines clairières en pâture pour les bêtes ou en potager pour cultiver légumes et céréales.
Le Mystère des Ghénas, chapitre 1
Les différentes familles du village s’étaient réparties les tâches nécessaires à la vie quotidienne de tous. Et dans chaque famille, jeunes et anciens travaillaient ensemble aux activités qui leur étaient assignées.
Pour mon héroïne, Azur, la nature représente un havre de paix. C’est l’endroit où elle se sent enfin libérée du regard des autres. C’est là où son caractère différent trouve à s’épanouir.
C’était lorsque les premiers rayons du soleil éclairaient la clairière aux jonquilles, le moment où les fleurs en s’ouvrant dégageaient leurs parfums et étaient le plus odorantes, qu’Azur y pénétrait chaque matin. Les clairières au nord de la forêt en étaient remplies, et quand Azur les atteignait, elle ne pouvait se retenir d’aller toutes les humer. Elle se laissait gagner par leurs odeurs et en tirait son énergie, dansant et sautant parmi ces fleurs.
Le Mystère des Ghénas, chapitre 1
Le retour au village la transformait. Azur se refermait, perdait son sourire et ne sautillait plus. Elle allait et venait à ses occupations au village, mais sans faire le moindre détour, le moindre geste qui ne serait pas en lien avec son activité.
Et surtout, c’est l’endroit où elle rencontrera Oraé, le héros. Ce personnage venu d’un horizon totalement étranger à l’univers d’Azur lui ouvrira les portes du monde. En échange, Azur l’aidera à tirer partie des bienfaits de la nature pour y construire sa vie. Cela prendra la forme d’une cabane dans les bois, de savoir trouver sa nourriture dans tout ce que la nature peut offrir.
6H66, un héros écolo dans un milieu urbain
L’histoire de 6H66 se déroule à Lille. Pour l’atmosphère de ce roman, je voulais absolument un milieu urbain. Peu de trace de la nature, donc.
Mais Thomas, notre héros, qui doute de beaucoup de choses et notamment de sa capacité à agir, a un mode de vie très respectueux de l’environnement. Il n’a pas de voiture, et fait tous ses déplacements à pied, en bus ou en train. Il s’affiche comme écolo, et adapte son quotidien à cette conviction. C’est d’ailleurs quasiment la seule à laquelle il croit au début de l’histoire 😉 C’est d’ailleurs également le seul de mes personnages à avoir utilisé le terme “écolo” dans mes romans.
— Non, je n’ai jamais eu de voiture.
6H66, chapitre 4
— Pour quelle raison ?
[…]
— Eh bien, par conviction. Je me considère comme écolo. Euh, pas au sens politique hein, soyons précis : je fais ce que je peux pour préserver l’environnement et…
Son engagement quotidien m’intéressait pour donner une touche de positivité à ce personnage qui ne s’investit pas vraiment dans ce qu’il se passe autour de lui, au début de l’histoire. Une façon de montrer que, malgré tout, Thomas n’est pas seulement le garçon qui ne s’engage pas. Il peut se bouger poiur ce en quoi il croit. Même si cela lui demande un énorme temps de réflexion avant de se décider à agir.
C’était également un moyen d’amener la nature au milieu d’un cadre urbain.
C’est le hasard qui m’a ensuite conduit vers l’écriture d’un roman qui se passe exclusivement à la campagne 😉
Julia et Mrs Carpenter, une vie dans une ferme bio à la campagne
L’histoire de Julia et Mrs Carpenter se déroule à la campagne, au Pays du Coquelicot, dans la Somme.

L’élément qui rejoint le plus mes convictions réside dans l’état d’esprit de la ferme que dirige Mrs Carpenter. Car il s’agit bien entendu d’une ferme bio ! Pour tout vous dire, j’ai commencé l’écriture de Julia et Mrs Carpenter pendant celle de 6H66. A l’époque, je ne pouvais pas imaginer la direction que prendrait mon activité professionnelle. J’étais simplement une consommatrice convaincue par la bio.
Mrs Carpenter occupe une place qui peut sembler inhabituelle. Une Anglaise à la tête d’une ferme en Picardie, ça ne se rencontre pas tous les jours. C’est parce qu’elle se trouve à part dans ce monde rural que je souhaitais lui faire prendre une direction à part par rapport à l’époque où elle aidait sa Tante Beth à remettre la ferme sur les rails après la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Mrs Carpenter a d’abord découvert le jardinage à Londres, pendant la guerre, sous les bombardements.
Les bombardements à répétition avaient réduit à peu de choses les ravitaillements en nourriture qui réussissaient à parvenir jusqu’à Londres. Mais il fallait que ceux qui restaient dans la capitale puissent se nourrir. Mr Churchill a donc incité tous les Londoniens à creuser pour la victoire. « Dig for victory » : voilà ce que proclamaient des affiches dans tout Londres. Avec mon amie Betsy, nous nous mîmes à jardiner avec sa mère et les autres femmes de notre rue. Nous nous y mettions dès notre retour du travail ; nous œuvrions la journée à ravitailler les soldats et le soir nos voisins de quartier.
Julia et Mrs Carpenter, chapitre 3
Avoir découvert la force de la nature dans de telles conditions ne pouvait que l’orienter vers des pratiques de cultures respectueuses de l’environnement. Mrs Carpenter a donc poussé sa Tante Beth a convertir la ferme vers l’agriculture bio. Et ça, dès les années soixante. En effet, ça m’intéressait de faire de Mrs Carpenter une avant-gardiste, quelqu’un qui serait réceptive aux nouveautés des époques qu’elle traversait. Bien entendu, ça la rendait encore plus excentrique.
Moi, j’avais vu la pollution de certains quartiers industriels de Londres et je m’extasiais de ce que la nature avait réussi à nous offrir au milieu des gravats et de la poussière pendant le Blitz, sans intrants ni engrais.
Julia et Mrs Carpenter, chapitre 3
[…]
Nous étions au début des années 70, la concurrence des grandes surfaces de la grande ville commençait à se faire sentir, sur les marchés nous commencions à lutter contre les primeurs qui se fournissaient à Rungis en produits de la culture intensive et moi, j’arrivai avec mes légumes bios : je passais pour une illuminée qui vendait plus cher.
De l’autre côté, Julia découvre les bienfaits de la nature un peu tardivement. Lorsque le roman commence, Julia est au début de la trentaine et vient de passer les douze dernières années de sa vie à voyager partout dans le monde. Elle a donc énormément pris l’avion !!
Je me suis donc amusée à faire de la trentenaire celle qui va apprendre à apprécier la nature et respecter l’environnement auprès des plus anciens avec lesquels elle travaille.
Pour faire du respect de l’environnement un message qui se transmet de génération en génération…
Comme vous le voyez, amis lecteurs, placer mes préoccupations environnementales au cœur de celles de mes personnages s’est fait naturellement. Et cette question prendra encore une autre dimension dans Roman n°4. Certains personnages feront d’ailleurs de leurs préoccupations environnementales un cadre et un règlement de vie parfois très contraignant… Si vous souhaitez suivre l’avancée de ce futur roman, inscrivez-vous à ma newsletter mensuelle. Chaque moi, je partagerai avec vous mon actualité et surtout mon écriture en cours.